CAPITAL : Lettre ouverte solennelle des fidèles aux quatre évêques de la FSSPX
Qui et Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome conciliaire (en fait la «ré-conciliarisation» de la FSSPX) ?
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Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ?
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Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints O rdres ?
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Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ?
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Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968?
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A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ?
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Serait-ce donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on veuille désormais faire dire la messe du VRAI rite par de FAUX prêtres ?
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Serait-ce que l’on veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec un clergé aussi INVALIDE que le FAUX CLERGE ANGLICAN ?
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Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.
(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)
Mercredi 4 juin 2008
Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.
Mgr Lefebvre à la tête de l’opposition pendant Vatican II (n° 1)
Le rôle historique de Mgr Lefebvre, en chef de file du Coetus, est reconnu par ses ennemis conciliaires.
La vérité historique sort au grand jour. Extrait de la monumentale « Histoire du concile Vatican II » d’Alberigo
Nous commençons la publication de travaux universitaires qui démontrent le rôle clé que joua le futur fondateur de la FSSPX, lors de Vatican II, pour s’opposer aux textes qui furent promulgués.
Ces travaux émanent d’un universitaire conciliaire reconnu, qui a publié une histoire de Vatican II en plusieurs tomes.
Mgr Sigaud, archevêque de Diamantina (Brésil)
« fut le fondateur et l’âme du groupe ». Il s’agit du
Coetus Internationalis Patrum.
« Le «groupe international de Pères» est certainement le plus important et le plus efficace de tous ceux de tendance conservatrice[1] », déclare lhistorien Alberigo. Et bien que partisan de Vatican II, il rend un hommage appuyé au
Coetus :
« Spécialement attentif aux questions de procédure (surtout pour entraver l'approbation de textes jugés ambigus), le «Coetus» peut être considéré comme un groupe d'«idéologie globale», dont le conservatisme pur et dur se manifeste sur tous les thèmes des délibérations conciliaires : approche anhistorique des vérités de foi, triomphalisme catholique romain, méfiance à l'égard du changement, appréhension devant l'ouverture œcuménique. »
Histoire du concile Vatican II (1959-1965) - Sous la direction de Giuseppe Alberigo. Version française sous la direction de Étienne Fouilloux. Editions du Cerf
· Tome 1 (576 pages) - Le catholicisme vers une nouvelle époque. L'annonce et la préparation (janvier 1959-octobre 1962). Paru en : Mai 1997
· Tome 2 (736 pages) - La formation de la conscience conciliaire - La première session et la première intersession (Octobre 1962-septembre 1963). Paru en : Mai 1998
· Tome 3 (610 pages) - Le concile adulte - La deuxième session et la deuxième intersession
· (Septembre 1963-septembre 1964). Paru en : Septembre 2000
· Tome 4 (832 pages) - L'Église en tant que communion - La troisième session et la troisième intersession (Septembre 1964 - septembre 1965). Paru : Mai 2003
· Tome 5 (834 pages) - Concile de transition - La quatrième session et la conclusion du concile (Septembre - décembre 1965). Paru : Septembre 2005
Collaborations : Giuseppe Alberigo - Joseph Famerée - Étienne Fouilloux - Reiner Kaczynski - Véronique Liard-Brandver - Alberto Melloni - Jacques Mignon - Claude Soetens - Evangelista Vilanova - Giuseppe - Riccardo Burigana - Joseph A. Komonchak - Giovanni Miccoli - Hanjo Sauer - Luis Antonio G. Tagle - Norman Tanner - Giovanni Turbanti - Peter Hünermann - Bernard Lauret - Gilles Routhier - Christoph Theobald - Giovanni Turbanti - Mauro Velati - Lukas Vischer
Giuseppe Alberigo est professeur émérite d'histoire de l'Église à la Faculté des sciences politique de l'Université de Bologne . Il dirige l'Istituto per le Scienze religiose de Bologne, fondé par Giuseppe Dossetti.
Et « Le collaborateur principal de Sigaud fut, dès le début, le supérieur général des Pères du Saint-Esprit, Marcel Lefebvre. » écrit Alberigo, qui répète
« Les principaux collaborateurs du prélat brésilien avaient été, dès le départ, Mgr M. Lefebvre, archevêque français et supérieur général des Spiritainset ensuite Mgr L. Carli, évêque de Segni (Italie). »
Ainsi Mgr Lefebvre a été, avec Mgr Sigaud et, plus tardivement Mgr Carli, l’un des deux ou trois prélats qui ont mené le combat « le plus important et le plus efficace » contre la révolution de Vatican II au cours des sessions qui s’étagèrent de 1962 à 1965.
Mgr Sigaud
Nous verrons dans un deuxième message, les combats très avancés de Mgr Lefebvre durant cette période.
Mais d’ores et déjà, nous voulons livrer aux méditations des lecteurs une observation de bon sens absolument capitale :
· Avec le recul du temps, personne ne peut plus douter – et du reste les principaux faits en ce sens ont à présent été clairement établis par les chercheurs de divers horizons – que
le « concile » Vatican II a été minutieusement préparé, organisé et « pris en mains », avec la complicité successive de Roncalli-Jean XXIII et Montini-Paul VI, par des réseaux puissants et richement dotés de clercs,
en liaison très étroite et permanente avec les medias internationaux spécialisés, comme avec les réseaux laïcs et groupes de pression extérieurs à l’Eglise les plus influents qui les sous-tendent et souvent les agissent. Ces réseaux
de clercs et ces groupes de laïcs surent alors donner toute la mesure de leur souci permanent de prudence, de rigueur et de méthode, qui leur a alors conféré leur redoutable efficacité dans leurs déterminations, face aux trop rares honnêtes évêques catholiques qui
individuellement tentaient alors spontanément - et souvent affectivement – de réagir sans organisation, coordination, ni rigueur, ni méthode, surpris et désemparés qu’ils se retrouvaient devant les offensives préméditées et les percées planifiées de ces réseaux modernistes et maçonniques internationaux qui régentaient alors ce prétendu «
Concile ». Il faut donc nécessairement reconnaître – outre leur totale amoralité et absence de tout scrupule - aux principaux donneurs d’ordres de ces réseaux, les qualités suivantes : un souci de rigueur et de logique dans leurs entreprises, une très grande sagacité, et surtout
le souci du maintien d’une information permanente, précise et efficace, sur les personnes et les réactions de leurs ennemis qu’ils ont su tout de suite parfaitement identifier et cerner, et par suite, le souci constant d’anticiper les réactions de leurs ennemis – si ignorants et si inconscients de leurs méthodes - en cherchant dès lors en permanence à les contrôler, à les manipuler ou à les conditionner par des agents d’influence missionnés discrètement dans leur entourage précisément à cet effet.
· C’est l’honneur particulier de Mgr Marcel Lefebvre – alors confronté à ces menées antichrists qu’il n’avait pas su pleinement anticiper –
d’avoir su en revanche, secondé par de trop rares prélats catholiques courageux, tels Mgr de Casto-Mayer, Mgr Sigaud et Mgr Carli, regrouper et coordonner les oppositions individuelles et dispersées des évêques catholiques, en fondant le Coetus Internationalis Patrum, lequel a pu ainsi mener le rôle historique que l’on sait au cours de ce «
concile » Vatican II. Et, dès la fin des années 1960, c’est ce même Archevêque, aussitôt expulsé de la direction des Pères du Saint Esprit par ses ennemis jurés – le Père Joseph Lécuyer et le F
ùM
ù Jean «
cardinal » Villot lequel présida plus tard en 1978 à la disparition soudaine et criminelle de l’éphémère Luciani-Jean-Paul Ier –
qui, alors approché par quelques candidats à la prêtrise catholique, manifesta – devant le désastre liturgique et spirituel post-conciliaire - sa résolution de fonder une œuvre sacerdotale – la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X - de préservation de l’authentique SacerdoceSacrificiel Catholique qui puisse assurer la pérennité du Saint Sacrifice de la Messe canonisée par saint Pie V, en même temps que la validité des Sacrements catholiques - à commencer par celui de la consécration épiscopale et l’ordination presbytérale - défigurés et, pour le sacrement de la consécration épiscopale, minutieusement invalidée depuis ce « concile » Vatican II par le travail sournois, patient et méthodique du Lazariste FùMùAnnibale Bugnini, sous l’autorité de l’évêque apostat Montini-Paul VI (cf. www.rore-sanctifica.org ).
· Devant un tel savoir faire, une telle maîtrise de l’organisation et une telle efficacité que les donneurs d’ordre de ces réseaux ont su démontrer à l’occasion de ce « concile » Vatican II, comment pourrait-on une seule minute penser que le rôle éminent de la personnalité de l’Archevêque Marcel Lefebvre dans la création du seul groupe organisé de la réaction catholique à leurs menées antichrist, le Coetus Internationalis Patrum, lors du « concile » Vatican II ait pu leur échapper le moins du monde ?
· Comment dès lors penser un seul instant que ces personnages aient pu, une fois clos ce prétendu « concile », se désintéresser un seul instant des projets de l’Archevêque, et n’aient pas mis tout en œuvre pour être en mesure d’épier à tout moment ses faits et gestes, afin d’en rester informés à tout moment ?
· Et surtout, compte-tenu de leur objectif fondamental d’éradication du véritable Sacerdoce
Sacrificiel catholique, sacramentellement valide, objectif enfin réalisé grâce à la promulgation de la doublement factuellement mensongère «
Constitution apostolique »
Pontificalis Romani , par laquelle leur complice Montini-Paul VI avait depuis le 18 juin 1968 entièrement aboli dans l’Eglise Latine la transmission sacramentellement valide du véritable Sacerdoce
Sacrificiel catholique
(cf.www.rore-sanctifica.org ) et le véritable épiscopat catholique authentique sacramentellement valide, comment penser un seul instant que ces antichrists n’aient pas suivi - dès son origine - avec la plus grande inquiétude et le plus grand soin le projet capital de Mgr Lefebvre de fonder son œuvre sacerdotale - la Fraternité Saint Pie X - destinée à pérenniser ce Sacerdoce Sacrificiel catholique tant honni de leur part ?
· Comment penser dès lors qu’ils se soient désintéressés des jeunes candidats à la Prêtrise catholique véritable qui approchaient alors l’Archevêque pour le convaincre d’ouvrir un séminaire réellement catholique ? Qu’ils n’aient pas cherché à les connaître ? Voire à en faire approcher habilement certains d’entr’eux ?
· Qu’ils se soient également désintéressés du futur corps professoral du Séminaire d’Ecône, et de l’enseignement qui allait y être dispensé aux jeunes séminaristes ?
· Et enfin qu’ils n’aient pas fait missionner très tôt leurs propres agents afin de tenter de se faire admettre dans ce séminaire rebelle en vue de s’y faire ordonner par Mgr Lefebvre lui-même, de gagner sa confiance, et de se faire ainsi promouvoir par l’Archevêque trop confiant lui-même !
· C’est ainsi que l’on est en droit d’interpréter légitimement l’arrivée surprenante à Ecône dès 1972 de deux « vocations tardives » qui allaient déterminer le destin ultérieur de la Fraternité Saint Pie X :
o L’abbé Joseph Schmidberger, Kantien et grand ami de l’abbé apostat Joseph Ratzinger qu’il avait pratiqué au cours de ses années d’études sur Fichte et Kant dans les universités allemandes en suivant les cours du très suspect Dr Lauth
, ce nouveau séminariste Joseph Schmidberger,
qui ne tardera pas à êtreordonné en 1975 par Mgr Lefebvre à Ecône après avoir gagné sa confiance, et que ce dernier allait même jusqu’à promouvoir en 1982 Supérieur Général de la FSSPX dans son désir de complaire – au cours des «
négociations » qu’il venait d’entamer avec lui - au nouveau Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi alors récemment nommé par l’évêque apostat Wojtyla-Jean-Paul II, l’abbé apostat Joseph Ratzinger,
en plaçant ainsi alors le compatriote, l’ami personnel du nouveau Préfet à la tête de la FSSPX.
o L’abbé Richard Williamson, ex(?)-Anglican, issu d’une famille londonienne restée farouchement Anglicane, et dont le mentor avoué Malcom Muggeridge avait, sa vie durant, été intimement lié à la puissante et maçonnique Société Fabienne britannique, à laquelle il a dû toute sa célèbre carrière dans les medias britanniques, religieuse en particulier, le nouveau séminariste Richard Williamson
qui ne tardera pas à être ordonné en 1975 par Mgr Lefebvre à Ecône après avoir gagné sa confiance, et que ce dernier allait même jusqu’à consacrer – faisant ainsi fi des règles prudentielles traditionnelles de la Sainte Eglise en matière du choix des candidats à l’épiscopat - évêque catholique le 29 juin 1988 à Ecône, l’ex(?)-Anglican, devenu ainsi évêque catholique de la FSSPX, n’hésitant pas à publier Urbi et Orbi dans la revue officielle de la FSSPX Fideliter, son blason épiscopal au centre duquel il n’avait pas craint de placer une symbolique appartenant explicitement aux R+C6.
Plus de 36 ans après cet entrisme de ces deux infiltrés dans la FSSPX, certains clercs naïfs et ignorants continuent à plaisanter sur la « théorie du complot »
, étalant ainsi leur ignorance et démontrant aux yeux de tous qu’ils n’ont rien appris et surtout rien voulu comprendre. En effet, ils se trouvent dans la situation des clercs de la génération précédente qui se démarquaient du
Coetus et de Mgr Lefebvre au concile Vatican II, redoutant par-dessus tout de se compromettre avec des opposants qui dénonçaient la destruction de l’Eglise. Ces clercs très naïfs, comme ceux d’aujourd’hui, leurs successeurs dans l’ignorance, ne voyaient pas qu’ils collaboraient ainsi par leur passivité à une œuvre de subversion planifiée minutieusement par les ennemis de l’Eglise et leurs réseaux au sein de l’Eglise.
Dieu punit les clercs qui par leur ignorance volontaire et leur naïveté entretenue refusent de combattre ses ennemis.
L’affaire de l’infiltration et du ralliement de la FSSPX dans les années 2000 est une reproduction en miniature de l’infiltration et de la subversion de l’Eglise au cours des années soixante. La différence est que depuis 40 ans, tous les instruments et les livres nécessaires à la compréhension de la subversion cléricale, en particulier par les Rose+Croix, ont été fourni abondamment. Si déjà les prélats de Vatican II étaient inexcusables pour une telle naïveté et une telle tiédeur, les clercs de la FSSPX, 40 ans plus tard, le sont encore davantage. D’autant plus que le réseau de l’infiltration est désormais démasqué et ses actions exposées à ciel ouvert.
Dans les années 60, Mgr Lefebvre ne fut pas de ceux qui se couchèrent devant la destruction de l’Eglise. Combien de ses prétendus héritiers actuels ont conservé son esprit de résistance et sa volonté de combat ?
Continuons le bon combat
La Rédaction de Virgo-Maria
© 2008 virgo-maria.org
HISTOIRE DU CONCILE VATICAN II
GIUSEPPE ALBERIGO,
CERF 2000
Tome II, page 236
CRÉATION DE GROUPES INFORMELS
On pourrait citer une liste nourrie de déclarations de personnalités ecclésiastiques, préoccupées par l'aspect trop humain du concile, et désireuses de rappeler que ce n'était pas un parlement démocratique. Mais on pourrait citer aussi, chez les auteurs qui ont travaillé sur Vatican II, de nombreux textes légitimant l'application, pour leur étude, de la méthodologie de la science politique et de la sociologie des groupes. De plus, il ne manque pas de témoignages des protagonistes du concile eux-mêmes se référant au modèle des institutions politiques séculières. Par exemple, Juliân Mendoza, secrétaire général du CELAM, expliquait que cet important organisme s'était structuré en prenant pour modèle l'articulation en départements autonomes adoptée par l'Organisation des États américains. Et Martimort a pu commencer son minutieux récit du travail de la Commission liturgique en la comparant à la pratique parlementaire.
Appliquant la méthodologie élaborée par l'école sociologique, ou psychosociologique, le Nord-Américain Rock Caporale juge que la formation de ces groupes a une triple signification. En premier lieu, elle attire l'attention sur le besoin d'une structure de groupe plus restreinte, où la
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participation soit plus aisée et plus rentable, en réaction aux énormes séances générales de l'aula. En deuxième lieu, elle offre aux leaders les plus capables un champ d'action étendu pour y canaliser et exploiter leurs énergies en vue d'exercer une influence plus grande au concile. En troisième lieu, ces groupes apportent cohésion et soutien, dès lors que leurs membres sont homogènes et défendent des positions à peu près semblables. Ainsi évite-t-on une désintégration rapide des minorités qui, par leur opposition, obligeront la majorité à approfondir et à clarifier ses propres positions.
LE COETUS INTERNATIONALIS PATRUM.
Par le nombre et l'action efficacement organisée, il fut le plus important de tous les groupes de tendance conservatrice. En plus des membres qui y adhéraient explicitement, ce groupe demeurait largement ouvert aux sympathisants. Ses membres et sympathisants se comportèrent toujours avec une grande fidélité aux consignes transmises par la direction du groupe : cette discipline n'était pas due à un quelconque règlement interne, mais bien à des convictions communes.
Bien que l'on y trouvât une sensibilité particulière aux questions juridiques et procédurales (en général, il invoquait l'application rigide du règlement pour faire obstacle à l'approbation de textes qu'il jugeait erronés), c'était l'un des groupes que Gàmez de Arteche définit par «l'idéologie globale», autrement dit qui ne s'étaient pas constitués pour influer sur une question particulière, et dont le conservatisme, se manifestait dans tous les domaines ou sujets des délibérations conciliaires. «Il représentait la ligne conservatrice dans toute sa pureté, soit par ses attitudes fondamentales : scrupule quant à la formulation précise de la vérité ; tendance triomphaliste, et donc esprit méfiant face à tout changement ; peu d'intérêt et véritable appréhension face à l'ouverture œcuménique ; soit dans ses options les plus concrètes et les plus importantes».
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Geraldo de Proença Sigaud, archevêque de Diamantina (Brésil), de la Société du Verbe divin, fut le fondateur et l'âme du groupe. Il était lié aux éléments et aux organisations les plus réactionnaires du Brésil et de l'étranger. Quand il était encore évêque de Jacarézinho, sa réponse à la consultation Tardini sur les objectifs du concile révélait son obsession contre-révolutionnaire qui le conduisait à accabler les chrétiens sociaux ou démocrates («maritainistes», «disciples de Teilhard de Chardin», «socialistes catholiques», «évolutionnistes», etc.) avec encore plus de violence que les communistes, car il voyait le clergé et le peuple chrétien infestés par les principes révolutionnaires et soumis à la strategia equi Troiani, face au silence de la majorité des évêques. Ill était convaincu qu'en régime de chrétienté Dieu pouvait plus facilement conquérir les âmes. En 1965, il sera le grand promoteur de la pétition pour une condamnation conciliaire solennelle du communisme dans le treizième schéma. Il était conscient d'être minoritaire dans l'épiscopat de son propre pays ; c'est pourquoi, promoteur de la consécration par tous
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les Pères conciliaires de leurs diocèses et surtout de la Russie au Cœur immaculé de Marie, il suggéra que fût formée une commission ad hoc, différente de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB). Selon ce qu'il déclara à Gômez de Arteche, Sigaud comprit clairement dès le premier moment la nécessité d'organiser les forces dispersées, en vue d'une action parlementaire disciplinée capable de résister aux Pères conciliaires de la majorité, qui se regroupaient par nations ou dans le bloc centre-européen. Au cours de la première session, il chercha en vain un groupe qui appuierait avec résolution cet objectif et une personnalité ecclésiastique qui accepterait d'en prendre la tête, mais ne les ayant pas trouvés, il se résigna à jouer lui-même ce rôle. La souveraineté dans le groupe revenait à une assemblée plénière, mais un «petit comité», qui se réunissait chaque semaine, en était l'organe exécutif pour le gouvernement et l'action. Ce comité fut créé, selon Wiltgen, dès la première semaine de la première session, ou dans sa seconde moitié, comme le déclara personnellement Sigaud à Gômez de Arteche.
Le collaborateur principal de Sigaud fut, dès le début, le supérieur général des Pères du Saint-Esprit, Marcel Lefebvre. Celui-ci manifestait une vive aversion pour le principe «collectiviste», qui à son avis régnait dans tout ce que proposaient les conférences épiscopales. Mais, selon ce qu'il expliqua dans un entretien avec Wiltgen,il voyait moins dans l'existence de conférences épiscopales puissantes une menace contre le pape que contre l'autorité magistérielle et la responsabilité pastorale de chacun des évêques ; il pouvait parler de ce problème avec autorité, car il avait fondé les conférences épiscopales nationales de Madagascar, du Congo-Brazzaville, du Cameroun et de l'Afrique occidentale française quand il était délégué apostolique pour l'Afrique francophone, de 1948 à 1959. Avec Sigaud, il partageait aussi le sentiment de l'importance accordée à la dimension idéologique, plus que nationale, dans l'importante question de la
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formation et de la rencontre des groupes conciliaires. Toutefois, Sigaud ne voulait pas que son groupe se fondât sur la simple affinité doctrinale, et il estimait qu'il gagnerait en extension et en vigueur s'il reposait sur des structures préexistantes ; «en d'autres termes, il proposait un groupe mixte idéologico-national, dans le style des comités internationaux de la majorité et de la minorité au concile Vatican I». Il chercha donc à recruter quelques présidents de conférences épiscopales, mais il ne réussit à en convaincre aucun. Son plan était de créer une «conférence de conférences», qui aurait pour organisme suprême une «conférence des présidents de conférences épiscopales».
Après Marcel Lefebvre, le principal adjoint de Sigaud fut Luigi M. Carli,évêque de Segni (Italie), qui s'était déjà distingué par son zèle dans la stricte observance du règlement conciliaire.
Le Coetus organisa chaque semaine, pendant toute la durée du concile, des conférences tenues par des Pères conciliaires, parfois des cardinaux, pour diffuser son point de vue sur les thèmes débattus. Ces conférences représentaient autant d'occasions de connaître d'autres Pères conciliaires et de s'en faire connaître. Au début, le texte des conférences était distribué aux Pères via les présidents des conférences épiscopales, mais quand le peu d'intérêt de la grande majorité de ceux-ci à diffuser leurs documents devint manifeste, les membres du Coetus passèrent à la distribution directe aux évêques. En outre, le Coetus suscitait des interventions dans l'aula conciliaire et y cherchait un soutien. Il réussit parfois à élaborer des contre-projets, comme dans le cas de la liberté religieuse.
Le Coetus «fut peut-être, à l'intérieur du concile, l'association la plus consciente de sa qualité de groupe parlementaire», d'autant plus qu'à cause de sa nature transnationale il était privé du soutien d'institutions déjà existantes, comme les conférences nationales ou régionales. Quand le Coetus s'adressait aux Pères uti singuli (par exemple dans les circulaires), il se présentait ouvertement comme une entité collective, avec son nom de groupe, alors que, quand il interpellait les Pères uti universi (l'assemblée conciliaire ou l'un quelconque des organismes officiels du concile), il se présentait comme un simple rassemblement de Pères, et la
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responsabilité de leurs interventions ou propositions était assumée simplement, à titre personnel, par certains évêques, généralement les plus importants du groupe.
Un chroniqueur définit à l'époque le Coetus comme une «société secrète» alors qu'il s'agissait seulement d'un groupe particulièrement clos. Quant à l'extension du groupe, il faudrait distinguer entre les membres proprement dits, peu nombreux mais très disciplinés, et les simples sympathisants, lesquels, en proportion variable mais beaucoup plus nombreux, suivaient les indications de vote du Coetus. On peut considérer que les membres proprement dits sont ceux dont les noms apparaissent dans les interventions du Coetus pendant cette première session.
Même si le Coetus représente le catalyseur de la minorité, tous les Pères de cette minorité, strictement parlant, n'y appartenaient pas, et certains tinrent même à faire savoir clairement qu'ils ne faisaient pas partie de ce groupe. Les évêques espagnols qui se trouvèrent d'accord avec le Coetus dans l'opposition à la déclaration sur la liberté religieuse, et dans une large mesure aussi sur l'exigence d'une condamnation explicite du communisme, déclarèrent ouvertement n'avoir aucun lien avec le Coetus. Les épiscopats les plus influencés par la propagande de ce groupe furent l'italien, l'espagnol, le philippin, le latino-américain et le français.
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Etaient également sympathisants les deux groupes formés pour défendre le status religieux, classés par Gômez de Arteche comme «groupes corporatistes». Au groupe d'évêques des missions (Vriendenclub), le Coetus était associé par l'intermédiaire du père Schütte, supérieur général de la Congrégation du Verbe divin à laquelle, nous l'avons dit, appartenait Sigaud, qui sera plus tard rapporteur du schéma De activitate rnissionaria Ecclesiae.
Quant au soutien extérieur, il faudrait mentionner l'université du Latran (où Carli avait été formé) et le Séminaire romain. Plus lointaine, mais avec une influence notable sur les intellectuels français les plus réactionnaires, rappelons la Cité catholique, qui appuya dès le début le Coetus et ses membres. Pour ses campagnes, il bénéficia aussi de l'agence de presse de la Congrégation du Verbe divin, Divine Word News Service, dont le fondateur, Wiltgen (souvent cité), appartenait, comme Sigaud, à cette famille religieuse. Tous deux résidaient à la maison généralice des Verbites. On peut signaler aussi les liens du Coetus avec des organisations politiques de droite en quête d'une couverture idéologique religieuse, comme le mouvement «Tradition, famille, propriété», originaire du Brésil mais enraciné dans les milieux les plus conservateurs et contre-révolutionnaires de toute l'Amérique latine, et aussi en Espagne, qui avait Sigaud pour mentor. Le groupe avait en outre accès à la Commission de coordination du concile, via le cardinal Siri, et au conseil de présidence, via le cardinal Ruffini. Le fait que le secrétaire général du concile, Felici, soit originaire de Segni, diocèse de Carli, explique leur étroite relation.
Tome III, p. 190
LE «COETUS INTERNATIONALIS PATRUM»
LE CATALYSEUR DE LA MINORITÉ.
Comparativement à de nombreux autres regroupements épiscopaux (les conférences nationales ou continentales, par exemple), le «Coetus internationalis patrum» a pour caractéristique d'être «intercontinental», comme la Conférence des vingt-deux, mais dans une tout autre orientation d'esprit.
Le «groupe international de Pères» est certainement le plus important et le plus efficace de tous ceux de tendance conservatrice[29]. Composé de membres formellement inscrits, il reste
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ouvert en permanence aux sympathisants, beaucoup plus nombreux. En raison d'une identité de convictions, tant les uns que les autres font preuve d'une grande discipline vis-à-vis des consignes émanant de la direction. Spécialement attentif aux questions de procédure (surtout pour entraver l'approbation de textes jugés ambigus), le «Coetus» peut être considéré comme un groupe d'«idéologie globale», dont le conservatisme pur et dur se manifeste sur tous les thèmes des délibérations conciliaires : approche anhistorique des vérités de foi, triomphalisme catholique romain, méfiance à l'égard du changement, appréhension devant l'ouverture œcuménique.
Mgr de Proença Sigaud, archevêque de Diamantina (Brésil), membre de la Société du Verbe divin, est le fondateur et l'animateur du groupe. Il n'est pas «réactionnaire» qu'en matière ecclésiastique : une obsession «contre-révolutionnaire» le caractérise, ainsi qu'une opposition véhémente aux chrétiens sociaux et démocrates (H/V II, p. 238). Dès le début du concile, il avait vu la nécessité d'organiser les forces dispersées en vue d'une action «parlementaire» capable de résister à la majorité conciliaire. Ainsi, dès la seconde moitié de la première période, avait-il créé
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un petit comité, organe habituel de décision et d'action, même si l'appellation «Coetus internationalis patrum» évoque plutôt une assemblée plénière. Il rêvait en fait d'un «groupe mixte idéologico-national, à la manière des comités internationaux de la majorité et de la minorité au premier concile du Vatican» ; son plan était de constituer, mais en vain, une «Conférence des conférences épiscopales», dont l'instance suprême serait une «Conférence des présidents de conférence».
Les principaux collaborateurs du prélat brésilien avaient été, dès le départ, Mgr M. Lefebvre, archevêque français et supérieur général des Spiritains et ensuite Mgr L. Carli, évêque de Segni (Italie). C'est au cours de la 44è congrégation générale du 7 octobre 1963, que le contact s'était établi entre Carli et de Proença. Ce dernier, dans un discours à l'assemblée, venait de s'opposer à l'existence d'un collège apostolique et épiscopal de droit divin. À peine revenu à sa place, il avait reçu un billet de Carli, le félicitant de cette intervention. Était ainsi née une solide amitié ; de Proença l'avait ensuite présenté à Lefebvre et l'évêque de Segni avait accepté de rejoindre leur comité.
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Le «Coetus» organise chaque semaine des conférences, données par des Pères, parfois des cardinaux, pour diffuser son point de vue sur les thèmes conciliaires. Il distribue aux Pères ces exposés, au début via les présidents des conférences épiscopales, puis directement aux évêques. Il suscite des interventions in aula et leur cherche des appuis parmi les Pères.
Sans qu'on puisse ni doive d'ailleurs toujours les rattacher explicitement au «Coetus internationalis patrum», plusieurs interventions in aula de la deuxième période conciliaire, à s'en tenir même au débat De episcopis, vont tout à fait dans le sens de ce groupe et partagent plus globalement les convictions de la minorité. Ainsi notamment la Relatio Carli, les prises de parole de Ruffini et Browne (6 novembre), de Florit, Batanian, Del Pino Gômez et Mason (7 novembre), d'Ottaviani, Browne, de Castro Mayer, M. Lefebvre et Ruffini (8 novembre), de Carli (13 novembre). On est tout d'abord frappé par le «tir groupé» des premiers jours du débat sur les évêques et le gouvernement des diocèses. Quant au contenu ensuite, on retrouve certaines grandes caractéristiques de la sensibilité minoritaire, évoquées ci‑
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dessus à propos du «Coetus» : ultramontanisme radical contre tout ce qui apparaît comme une atténuation de l'absolutisme pontifical (Relatio Carli, Ruffini, Batanian, Ottaviani, Browne, M. Lefebvre), quasi-identification de la Curie au pape (Batanian, Del Pino Gômez, Mason, Ottaviani), résistance tenace à la «nouvelle» doctrine de la collégialité (Ruffini, Florit, Del Pino Gômez, Ottaviani, de Castro Mayer, M. Lefebvre, Carli), opposition procédurière entre vote d'orientation du 30 octobre et décision finale du concile, voire opposition de la Commission doctrinale (Ruffini, Browne, Florit, Ottaviani, Carli). L'intervention de Carli le 13 novembre présente en outre la particularité d'être faite au nom de plusieurs autres Pères. Les neuf signatures sont toutes de membres formels du «Coetus internationalis patrum». C'est l'occasion de rappeler une des manières de faire de l'association. Quand elle vise chaque père en particulier comme dans la diffusion de circulaires, elle se présente explicitement comme entité collective ; en revanche, quand elle s'adresse à l'ensemble des Pères comme dans les discours in aula, chaque intervenant parle en son nom propre, et éventuellement comme Carli au nom de quelques autres Pères individuels ou en faisant référence à des orateurs antérieurs, mais pas au nom du «Coetus».
L'organisation traditionaliste, outre des appuis extérieurs à l'université du Latran, au Séminaire romain ou dans la revue française La Pensée catholique, peut aussi compter sur l'agence de presse Divine Word News Service du verbite Ralph Wiltgen, déjà mentionné, sans parler de liens avec des milieux politiques conservateurs d'Amérique latine et d'Espagne. C'est Wiltgen qui interviewera le cardinal Ottaviani le 13 novembre sur la Curie et la collégialité ; il devait accueillir aussi dans ses colonnes le
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rapport de Mgr Romoli, o. p., évêque de Pescia et ancien membre du Saint-Office, sur la procédure de condamnation suivie par ce dicastère.
Le «Coetus» bénéficie donc non seulement de soutiens importants, mais il est aussi introduit dans les organes directeurs du concile : au Conseil de présidence grâce aux cardinaux Ruffini et Siri ; au Secrétariat général et à la Commission de coordination : Mgr Felici, originaire de Segni, est un précieux allié de Mgr Carli, et donc du «Comité». C'est seulement le 29 septembre 1964 qu'un cardinal apportera officiellement son support à l'organisation. Dès lors, le cardinal Santos, archevêque de Manille (Philippines), lui servira de porte-parole jusqu'au sein du Sacré Collège et d'autres cardinaux (Ruffini, Siri, Larraona et Browne) patronneront les réunions-conférences du groupe le mardi soir. L'audience de celui-ci, consolidée, lui permettra de recueillir jusqu'à quatre cent cinquante signatures de Pères pour certaines pétitions.
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